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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le samedi 25 mai 2019

 

 

Journée des enfants disparus : "Le pire c'est de ne pas savoir où il est, s'il est vivant, s'il est mort"

 

 

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Sébastien BaerRadio France

 

 

 

C'est samedi la journée internationale des enfants disparus. Franceinfo a rencontré la mère et des proches de Yannis Moré, disparu le 2 mai 1989 à l'âge de 3 ans, dans un village des Alpes-de-Haute-Provence

 

 

 

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Le village de Ganagobie, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où Yannis Moré a disparu le 2 mai 1989. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

 

 

 

Cécile Vallin, Jérôme Cantet, Aurore Pinçon, Estelle Mouzin, Marion Wagon... Tous ces noms sont ceux d'enfants disparus dans des circonstances non élucidées et dont les parents sont sans nouvelles depuis plusieurs dizaines d'années parfois. A l'occasion de la journée internationale des enfants disparus, samedi 25 mai, franceinfo revient sur l'une des affaires d'enfant disparu les plus anciennes, la disparition de Yannis Moré, il y a tout juste trente ans. 

 

 

Longtemps, son visage est apparu sur les avis de recherche. Yannis Moré, 3 ans, l’air malicieux, les joues rondes, les cheveux châtains clairs. Nous sommes le 2 mai 1989. Yannis joue près de la maison familiale, dans un tout petit village des Alpes-de-Haute-Provence. Ses frères et sœur le laissent seul quelques instants et quand ils reviennent, plus aucune trace de Yannis. Pour sa mère, Pascaline Moré, c'est le début d’une attente insoutenable. Une attente qui dure donc maintenant depuis trente ans. "C'est toujours aussi difficile, aussi présent, confie-t-elle.

 

 

Je pensais qu'avec le temps, ça allait peut-être s'atténuer. Mais en fin de compte c'est toujours aussi vif. Pascaline Moré, la mère de Yannis à franceinfo

 

 

Le pire, c'est de ne pas savoir comment ça s'est passé, où il est, s'il est vivant, s'il est mort, c'est ça qui est le plus difficile à accepter. Un décès, certes la douleur est là, mais on aurait pu aller se recueillir. Mais là, en ayant rien du tout, c'est ça qui est difficile. On tourne en rond, et je crois que jusqu'à la fin ce sera toujours pareil." 

 

 

Yannis, qui a disparu à la veille de ses 3 ans, aurait 33 ans aujourd’hui. Les enquêteurs n’ont qu’une certitude : le petit garçon a été victime d’un enlèvement. Plusieurs hypothèses sont alors envisagées. Enlèvement par un couple en mal d’enfant, mouvement sectaire, réseau pédophile, infanticide… Mais toutes ces pistes n'ont rien donné. Pour ceux qui ont travaillé sur cette affaire, c'est un constat d'échec cuisant, même trente ans après, dit Gérard Puig. Il dirigeait l'enquête à l'époque. "J'ai connu d'autres disparitions, mais un petit qu'on ne retrouve pas, ça n'est arrivé qu'une fois, assure-t-il. On fait tout pour pouvoir arriver à trouver la solution, et on ne la trouve pas. C'est pour cela qu'on ne l'oublie plus, même après dix ans de retraite."

 

 

On se dit que quelque part la solution existe, mais on ne l'a pas trouvée. L'échec, ça ne n'oublie pas. Gérard Puig, ancien directeur d'enquête à franceinfo

 

 

Aujourd’hui, la disparition de Yannis se résume à trois gros cartons, qui contiennent des centaines de pièces, de transcription d’auditions. Il y a aussi les vêtements que portaient Yannis le jour de sa disparition et qui ont été déposés par une main anonyme à 300 mètres de la maison de la famille, 16 mois après les faits.

 

 

 

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Gérard Puig, ancien directeur d'enquête à Digne-les-Bains. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

 

 

 

Trente ans après, on se souvient de cette disparition à Ganagobie, un village minuscule, perché en altitude. 90 habitants dans un cul-de-sac au bout d’une route. A l’époque, tous les habitants ont participé pendant plusieurs semaines à des battues, ils ont fouillé les trous dans la roche, arpenté les chemins forestiers. Quand Yannis a disparu, Sylvie Belmonte était secrétaire de mairie. Elle avait aidé à coordonner les recherches. "Je me souviens de madame Moré qui appelait son petit garçon dans la forêt le soir, c'était vraiment poignant, témoigne-t-elle. Cela nous a tous énormément marqués. Et je sais que même maintenant, si je vais à Ganagobie avec mes petites-filles, je ne les lâche pas, parce que c'est toujours présent. Et je crois qu'on s'en souviendra longtemps", poursuit l'ancienne secrétaire de mairie. 

 

 

Je n'ai jamais laissé mes filles sortir toutes seules, parce qu'il y avait eu cette histoire et ça nous a laissé un traumatisme. Sylvie Belmonte, ancienne secrétaire de mairie à franceinfo

 

 

Depuis ce 2 mai 1989, la famille de Yannis essaie de vivre malgré l’absence. Le plus dur, ce sont les dates qui sont des piqûres de rappel. Le jour  de la disparition, de Yannis, son anniversaire, la fête des mères, Noël. Il y a aussi tous les espoirs déçus, les médiums et les radiesthésistes, autant de fausses pistes. Mais ce que redoute aussi la maman de Yannis, c'est l'oubli. "J'y pense souvent, au fait qu'on n'y pense plus, qu'on n'en parle plus, confie-t-elle. Des fois en regardant des associations sur internet, ça ne ressort plus. C'est une ancienne disparition, donc ça ne ressort plus comme avant. Je sais bien qu'un jour ça va s'arrêter. Des fois c'est un peu difficile."

 

 

 

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Pascaline Moré, la mère de Yannis, disparu le 2 mai 1989 à Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence) (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

 

 

 

Depuis 2002, plus aucun élément n’est venu relancer l’enquête. Si aucun élément nouveau n’intervient, la prescription interviendra dans trois ans. Le dossier sera alors refermé.

 



25/05/2019
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