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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le mardi 23 avril 2019

 

 

Jours fériés, 35 heures, retraites... Les pistes du gouvernement pour augmenter le temps de travail des Français

 

 

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Dans son projet d'allocution, reportée en raison de l'incendie de Notre-Dame, Emmanuel Macron avait prévu d'évoquer "la nécessité de travailler davantage"

 

 

 

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Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet européen, le 22 mars 2019, à Bruxelles. (RICCARDO PAREGGIANI / NURPHOTO / AFP)

 

 

 

"A l'évidence, il faudra qu'on travaille davantage pour pouvoir mieux soutenir nos aînés". C'est ce qu'a affirmé Nathalie Loiseau, lundi 23 avril, sur LCI. La tête de liste LREM pour les européennes semble ainsi préparer le terrain à Emmanuel Macron. Le président de la République avait prévu, dans son projet d'allocution avortée en raison de l'incendie de Notre-Dame, d'évoquer "la nécessité de travailler davantage". Pour atteindre cet objectif, le gouvernement dispose de plusieurs options. Avec des mesures que le chef de l'Etat pourrait annoncer lors de sa conférence de presse prévue jeudi à 18 heures.

 

 

La suppression d'un jour férié

Le gouvernement pourrait envisager de mettre en place une deuxième journée de solidarité pour financer la dépendance, comme le propose la députée LREM Aurore Bergé. Après la canicule meurtrière de 2003, une journée de solidarité avait été instaurée à la date du lundi de Pentecôte, autrement dit un jour supplémentaire de travail non rémunéré pour les salariés. Depuis 2008, les entreprises ont une grande liberté pour appliquer cette mesure (la suppression d'une RTT ou l'ajout de sept heures de travail supplémentaires réparties dans l'année) et la majorité des Français ne travaille pas le lundi de Pentecôte.

 

 

En 2018, cette mesure a rapporté un peu plus de trois milliards d'euros à l'Etat, comme le détaille France 2, et un peu plus de deux milliards les années précédentes. La suppression d'un second jour férié pourrait ainsi remplir les caisses de l'Etat de deux ou trois milliards d'euros supplémentaires. Ce serait un premier pas, mais qui resterait insuffisant. Pour financer la dépendance, il faudrait trouver plus de six milliards d'euros par an d'ici à 2024 et plus de neuf milliards d'euros par an d'ici à 2030, selon le rapport Libault remis au gouvernement en mars 2019.

 

 

Pour justifier la nécessité de travailler plus, le gouvernement compare souvent la France avec ses voisins européens. Notre pays compte actuellement onze jours fériés, ce qui le place en-dessous de la moyenne des 28 pays de l'Union européenne, située autour de douze jours, selon les chiffres compilés par le site Toute L'Europe. En revanche, en ajoutant les jours fériés aux jours de congés, les travailleurs français font figure de chanceux avec 36 jours cumulés. La moyenne européenne se situe autour de 34 jours.

 

 

 

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Supprimer un jour férié ne fait en tout cas pas l'unanimité dans l'opinion française. Selon un sondage Ifop pour le JDD, si une courte majorité de Français s'oppose au fait de travailler davantage, ils sont très peu à privilégier la piste de la suppression d'un jour férié (14%), préférant notamment l'abandon des 35 heures (41%). L'opposition s'est également empressée de critiquer cette option. "C'est une idée qui n'est rien d'autre que la création d'un nouvel impôt", estime notamment François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains aux élections européennes, sur Radio Classique.

 

 

 

L'abandon des 35 heures

L'idée revient régulièrement dans le débat depuis le vote de la réforme par le gouvernement Jospin en 1998. La droite a plusieurs fois annoncé son intention de revenir en arrière sans jamais aller jusqu'au bout, se contentant d'aménagements et d'assouplissements. Actuellement, la durée légale du temps de travail en France s'élève toujours à 35 heures, mais Emmanuel Macron pourrait être tenté de s'attaquer à ce totem de la gauche. "En termes de signal politique, ce serait assez puissant et sans doute plus populaire que de supprimer un jour férié", confie à Libération une députée LREM.

 

 

Mais la fin des 35 heures reste un calcul politique risqué pour le gouvernement. D'abord, parce qu'Emmanuel Macron s'est engagé pendant la campagne électorale à ne pas toucher à ce temps de travail. Et surtout, en passant aux 37 heures ou même en revenant aux 39 heures (la durée légale avant 1998), les salariés qui bénéficient actuellement du système avantageux de la défiscalisation des heures supplémentaires pourraient le regretter. D'ailleurs, la durée effective du travail en France s'établit à 39,1 heures en moyenne par semaine pour un temps complet, selon les chiffres du ministère du Travail.

 

 

La durée habituelle hebdomadaire du travail en France (temps complet et temps partiel), qui correspond à une semaine normale sans événement particulier (jour férié, congé...), est, elle, de 36,3 heures. Les Français sont ainsi proches de la moyenne européenne (36,4), mais derrière le Royaume-Uni (36,8), selon les chiffres de la Dares qui se base sur une enquête d'Eurostat. Ils devancent en revanche largement les Allemands (34,8) ou les Néerlandais (29,3 heures).

 

 

 

L'augmentation des années de cotisation retraite

Dernière piste que pourrait choisir le gouvernement : l'allongement des années de cotisation nécessaires pour toucher une retraite à taux plein. Le système permettrait de pousser les Français à partir plus tard à la retraite, sans pour autant toucher à l'âge légal minimal de départ (62 ans) – à ne pas confondre avec l'âge de départ avec une retraite à taux plein (67 ans). Un recul de l'âge légal constitue d'ailleurs une ligne rouge pour les syndicats et a provoqué de nombreux débats dans les rangs de la majorité.

 

 

Actuellement, un salarié né après 1973 doit avoir cotisé 172 trimestres (soit 43 années) pour pouvoir partir à 62 ans avec une pension complète. Le nouveau système de retraite à points, annoncé par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, pourrait permettre d'encourager les Français à partir plus tard. Selon un document de travail du Haut-commissaire à la réforme des retraites, consulté par l'AFP, les futurs retraités qui liquideront leurs droits après 62 ans pourraient bénéficier d'un "coefficient majorant" sur leur pension, de 3% à 5% par année de travail supplémentaire. Actuellement, les Français partent à la retraite à 62 ans et huit mois en moyenne.

 



24/04/2019
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