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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le mardi 2 juillet 2019

 

 

Après l'épisode de canicule, quel bilan pour la circulation différenciée ?

 

 

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Plusieurs villes et agglomérations ont interdit, pendant plusieurs jours, les véhicules les plus polluants, afin de limiter la concentration d'ozone et les émissions de particules fines

 

 

 

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Les vignettes Crit'Air, du véhicule le moins polluant (vignette verte ou 0) au véhicule le plus polluant (vignette 5).  (MAXPPP)

 

 

 

La région parisienne, Lyon, Annecy, Strasbourg, Grenoble, et, pour la première fois, le centre de Marseille. Après un pic de canicule et d'ozone, les véhicules les plus anciens ont dû rester au garage dans le cadre de la mise en place de la circulation différenciée, à partir du 26 juin. Pendant les quatre jours qu'a duré cet épisode de pollution, seuls les véhicules les moins polluants équipés de certaines vignettes (Crit'air 0 – ou verte – 1 et 2 à Paris et dans sa proche banlieue) étaient autorisés à circuler.

 

 

La mesure antipollution a été levée à Strasbourg et en région parisienne lundi 1er juillet après une diminution constatée "des teneurs en ozone" dans l'atmosphère. La circulation différenciée est-elle vraiment efficace pour limiter la pollution ? Quel bilan dresser ?

 

 

 

Une diminution théorique des émissions de polluants

La circulation différenciée a-t-elle permis de mieux respirer ces jours-ci dans les régions concernées ? Pour rappel, les valeurs recommandées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'ozone sont de 100 μg/m3 en moyenne sur huit heures. Le seuil d'information à partir duquel on parle d'épisode de pollution, et pour lequel des consignes sanitaires sont transmises aux populations, est de 180 μg/m3 en moyenne par heure, étaye L'Express. L'ozone n'est pas directement rejeté par les voitures, mais il se crée à partir de réactions chimiques entre des polluants émis par les pots d'échappement et des composés volatils, sous l'effet du rayonnement solaire.

 

 

Pour le moment, impossible de connaître les effets immédiats de la mesure dans toute la France, puisque plusieurs régions l'ont reconduite lundi. "A ce stade, nous attendons le retour des autorités sur l'effectivité des mesures – transports, industrie – pour pouvoir modéliser et faire un bilan", explique à franceinfo Céline Delysse, directrice adjointe de la communication à Airparif. Nous mesurons la qualité de l'air, pas le nombre de voitures et pas seulement les émissions [de polluants] liées à la circulation. La qualité globale de l'air est définie par plusieurs éléments : émissions, météo et imports d'ailleurs, comme les sables du désert, que nous devons prendre en compte."

 

 

 

 

 

 

Toutefois, l'organisme francilien a déjà modélisé les impacts de la circulation différenciée lors de précédents épisodes. "Ce que l'on peut dire, c'est que la réduction du trafic peut donner lieu à 50% d'émissions en moins lorsqu'on réduit le trafic ne serait-ce que de 24% des véhicules les plus polluants", reprend Céline Delysse. Il faudra toutefois attendre les données complètes des différentes sources d'émissions pour savoir si la mesure a eu un réel impact sur la qualité de l'air.

 

 

 

Des embouteillages inhabituels en Ile-de-France

Depuis sa mise en place en 2017, le recours à la circulation différenciée a été utilisé à six reprises dans l'agglomération francilienne, soit seize jours au total, détaille Le Monde. A l'échelle de toutes les voitures présentes dans la région, ce sont 58% des automobiles qui ont été interdites de circulation dans la zone délimitée par l'A86 car elles n'avaient pas de vignette Crit'air ou que celle-ci était interdite (les 3,4 ou 5).

 

 

Dans les faits, toutefois, la densité du trafic n'a pas diminué. Les embouteillages ont même atteint un niveau particulièrement élevé. Mercredi et jeudi, le cumul des ralentissements était même "exceptionnel" jusqu'en début d'après-midi, relève le réseau de surveillance du trafic dans la région, Sytadin, cité par L'Express. Durant ces deux jours, le pic a été atteint vers 8h30, avec 370 km de bouchons cumulés, un nombre au-delà de la moyenne pour un jour de semaine (265 habituellement, note Le Figaro).

 

 

Ces embouteillages peuvent avoir plusieurs explications : pour la première fois, les vignettes Crit'Air 3 ont été concernées par l'interdiction et certains conducteurs ont pu ne pas être informés et avoir pris leur voiture malgré tout. D'autres automobilistes ont pu prendre leur voiture en connaissance de cause malgré le risque d'amende de 68 euros. "Il y a toujours des gens qui prendront leur voiture, même si c'est interdit. Ils savent aussi que le RER est saturé à 8h30 ou 9 heures, et avec la canicule, ils préfèrent prendre leur véhicule climatisé", souligne Jean-Pierre Orfeuil, professeur émérite à l'École d'urbanisme de Paris au Parisien.

 

 

Enfin, la circulation différenciée semble aussi avoir eu pour effet de transférer une partie du trafic de certains axes vers d'autres, notamment un basculement des bouchons du périphérique vers l'A86, décrit Le Parisien.

 

 

 

De nombreuses infractions 

Plus de 470 policiers ont été mobilisés à Paris dès mercredi pour s'assurer du respect de la mesure, avec 56 points de contrôle fixes et 94 points de contrôle mobiles, selon les chiffres de la préfecture de police. Le jour suivant, 2 176 véhicules ont été contrôlés et 439 infractions ont été relevées. Vendredi, 2 781 véhicules ont été contrôlés et 408 infractions ont été relevées, soit un bilan à peu près semblable pour les trois jours, relève L'Express.

 

 

 

 

 

 

A Marseille, les autorités ont choisi de miser sur la prévention plutôt que la sanction. Quelque 150 policiers ont été déployés autour et dans le centre-ville pour informer et distribuer des flyers aux automobilistes. "Nous faisons confiance au civisme des Marseillais et sommes convaincus que la grande majorité est consciente du dérèglement climatique et du fait que la circulation automobile est la source principale de la pollution atmosphérique", a déclaré le préfet de région Pierre Dartout lors d'une conférence de presse, relève La Provence.

 

 

A Strasbourg, les contrôles se voulaient également pédagogiques, mais les véhicules qui n'avaient pas la vignette Crit'Air 0, 1, 2 ou 3 ont dû faire demi-tour.

 

 

 

Des effets sur la santé qui font toujours débat

La mise en place de la circulation alternée a des conséquences sur la qualité de l'air, qui elle-même a des incidences sur la santé. Airparif rappelle ainsi que les particules fines sont classées comme "cancérigènes" et qu'il existe "une relation entre l'augmentation du risque de cancer du poumon et l'augmentation du niveau d'exposition aux particules et à la pollution de l'air" et que "la pollution de l'air est déjà connue pour augmenter les risques de nombreuses maladies, telles que respiratoires et cardiovasculaires", cite Europe 1.

 

 

En 2015, la maire de Paris, Anne Hidalgo, assurait d'ailleurs que la pollution de l'air était un risque de santé publique "majeur". Une affirmation toutefois contestée par certains pneumologues, qui rappellent que les taux de pollution observés en Ile-de-France sont loin d'être comparables à ceux observés en Chine par exemple. "La circulation alternée, cela n'a aucun effet et, médicalement, cela n'a aucun intérêt", assurait ainsi Bertrand Dautzenberg, pneumologue de La Pitié-Salpêtrière au Figaro, estimant qu'il n'y avait "aucun effet mesurable significatif" sur la santé.

 



02/07/2019
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