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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le vendredi 3 janvier 2020

 

 

Qui était Qassem Soleimani, figure du régime iranien tuée par les Etats-Unis ?

 

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Ce puissant général a été tué à Bagdad lors d'un raid américain ordonné par Donald Trump

 

 

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Le général Qassem Soleimani, le 2 octobre 2019 à Téhéran (Iran). (AP / SIPA)

 

 

 

Le puissant général iranien Qassem Soleimani, émissaire de la République islamique en Irak, a été tué, vendredi 3 janvier, dans un raid américain à Bagdad, une "escalade extrêmement dangereuse" selon l'Iran, qui intervient trois jours après l'attaque inédite contre l'ambassade américaine. C'est "la plus importante opération de 'décapitation' jamais menée par les Etats-Unis, plus que celles ayant tué Abou Bakr al-Baghdadi ou Oussama Ben Laden", estime Phillip Smyth, spécialiste américain des groupes chiites armés, interrogé par l'AFP. Franceinfo dresse le portrait de cette figure du régime iranien.

 

 

>> Suivez les dernières informations la mort de Soleimani dans notre direct

 

 

 

Un chef militaire ennemi de l'Irak 

Qassem Soleimani est né en 1957 dans une famille d'agriculteurs pauvres de Rabor, dans l'Est de l'Iran, selon son autobiographie citée par The Guardian. Enrolé en 1979, il dirigeait la Force Qods des Gardiens de la révolution, une unité d'élite chargée des opérations extérieures de la République islamique d'Iran depuis 1998. Selon le New York Times (en anglais), il s'est distingué pour la première fois lors de la guerre Iran-Irak, entre 1980 et 1988, en menant des missions de reconnaissance derrière les lignes ennemies.

 

 

"Pour lui, cette guerre ne s'est jamais terminée", estimait auprès du quotidien américain l'ancien ambassadeur en Irak, Ryan Crocker. "Aucun être humain ne peut traverser un conflit semblable à la Première guerre mondiale sans être profondément affecté. Son objectif stratégique a toujours été une victoire complète sur l'Irak, et si ce n'était pas possible, de créer et d'influencer une faible Irak."

 

 

 

Une personnalité influente du régime iranien

Pour ses partisans comme pour ses détracteurs, Qassem Soleimani, qui a joué un rôle important dans le combat contre les forces jihadistes, était l'homme-clé de l'influence iranienne au Moyen-Orient, où il a renforcé le poids diplomatique de Téhéran, notamment en Irak et en Syrie, deux pays où les Etats-Unis sont engagés militairement. Il avait par exemple raconté avoir passé au Liban, avec le Hezbollah chiite libanais, l'essentiel du conflit israélo-libanais de l'été 2006, dans un entretien exclusif diffusé par la télévision d'Etat iranienne en octobre 2019.

 

 

L'homme a déployé notamment ses talents en Irak. A chaque développement politique ou militaire dans ce pays, il a fait le déplacement, pour agir en coulisses et, surtout, en amont. Percée du groupe Etat islamique (EI), référendum d'indépendance au Kurdistan ou aujourd'hui formation d'un gouvernement... A chaque fois, il a rencontré les différentes parties irakiennes et défini la ligne à tenir, affirment différentes sources qui ont assisté à ces réunions, toujours tenues dans le plus grand secret.

 

 

A la BBC, l'ancien ambassadeur américain Ryan Crocker en Irak et en Afghanistan a raconté à quel point, dans ces deux pays, les Iraniens avec lesquels il échangeait se reposaient sur Soleimani. "Mes interlocuteurs iraniens sur l'Afghanistan étaient très clairs sur le fait que même s'ils informaient le ministère des Affaires étrangères, au bout du compte c'était le général Soleimani qui prendrait les décisions", confiait-il en 2013. Selon le New York Times, il était réputé proche du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei et considéré comme un potentiel futur leader du pays.

 

 

 

Un personnage hautement médiatique

Cet homme de 62 ans à la barbe poivre et sel était aussi devenu ces dernières années une véritable star en Iran avec de très nombreux followers sur son compte Instagram, bloqué après des sanctions américaines. Après être resté dans les coulisses pendant des décennies, Qassem Soleimani a commencé à faire la une des médias après le début du conflit en Syrie en 2011, où l'Iran, poids lourd chiite de la région, apporte une aide précieuse au régime de Bachar Al-Assad. Il est ainsi apparu sur des photos sur le champ de bataille, dans des documentaires et a même été représenté dans un film d'animation et une vidéo musicale.

 

 

"Pour les chiites du Moyen-Orient, c'est un mélange de James Bond, Erwin Rommel et Lady Gaga", écrivait l'ancien analyste de la CIA Kenneth Pollack dans son portrait de Soleimani pour le numéro du magazine américain Time consacré aux 100 personnalités les plus influentes du monde en 2017. Selon une étude publiée en 2018 par IranPoll et l'université du Maryland, 83% des Iraniens interrogés avaient une opinion favorable de Soleimani, classé devant le président Hassan Rohani et le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif.

 

 

 

 

Le puissant général iranien Qassem Soleimani tué en Irak sur ordre de Donald Trump

 

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Le raid américain, qui a visé un convoi de véhicules dans l'enceinte de l'aéroport de Bagdad, a tué en tout au moins neuf personnes au total – dont cette figure très populaire du régime iranien

 

 

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Le général Qasem Soleimani, le 18 septembre 2016 lors de la rencontre entre Ali Khamenei et les gardes révolutionnaires, à Téhéran, en Iran. (IRANIAN SUPREME LEADER PR / ANADOLU AGENCY / AFP)

 

 

 

L'opposition entre Washington et Téhéran sur le sol irakien est entrée dans une nouvelle phase. Le puissant général iranien Qassem Soleimani, émissaire de la République islamique en Irak, a été tué tôt vendredi 3 janvier dans une frappe aérienne américaine survenue à Bagdad. Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, s'est immédiatement engagé à "venger" la mort de son chef militaire et a décrété un deuil national de trois jours dans son pays.

 

 

>> Qassem Soleimani tué par les Etats-Unis : suivez en direct l'évolution de la situation

 

 

Peu après l'opération, le Pentagone a annoncé que le président américain Donald Trump avait lui-même donné l'ordre de "tuer" Qassem Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique. Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l'Etat irakien, est également mort dans ce bombardement.

 

 

 

Un lieutenant également visé par ce raid

Cette frappe intervient trois jours après l'attaque par des militants pro-Iran de l'ambassade américaine à Bagdad. Les Etats-Unis ont en outre subi depuis la fin du mois d'octobre une dizaine d'attaques à la roquette, qui ont visé des soldats et des diplomates, tuant il y a une semaine un sous-traitant américain. Non revendiquées, ces frappes ont été attribuées par Washington aux forces favorables à Téhéran en Irak. L'armée américaine a déjà répondu dimanche soir en bombardant plusieurs bases de forces pro-Iran près de la frontière syrienne, faisant 25 morts.

 

 

"Sur ordre du président, l'armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l'étranger en tuant Qassem Soleimani", a commenté le Pentagone dans un communiqué. Donald Trump n'a pour l'heure par réagi à ce tournant majeur du conflit avec Téhéran, si ce n'est en publiant sur son compte Twitter un drapeau américain.

 

 

 

 

 

 

Le raid américain, qui a visé un convoi de véhicules dans l'enceinte de l'aéroport de Bagdad, a tué en tout au moins neuf personnes au total, selon des responsables des services de sécurité irakiens. L'autre grande figure tuée est Abou Mehdi al-Mouhandis, lieutenant du général Soleimani pour l'Irak depuis des décennies.

 

 

 

Une opération en forme de déclaration de guerre

L'assassinat ciblé de Qassem Soleimani, une des figures les plus populaires d'Iran, soulève l'inquiétude, à moins d'un an de la présidentielle américaine. "Le président Trump amène notre nation au bord d'une guerre illégale avec l'Iran, sans l'approbation du Congrès", a notamment fustigé le sénateur démocrate Tom Udall.

 

 

Sur Twitter, le directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques Didier Billion juge que "la décision irresponsable de Donald Trump ouvre une nouvelle séquence et risque de déchaîner une vague de violences".

 

 

 

 

 

 

La nouvelle a fait bondir de plus de 4% les cours du pétrole. L'or noir iranien est déjà sous le coup de sanctions américaines et la montée en puissance de l'influence de Téhéran en Irak, deuxième producteur de l'Opep, fait redouter aux experts un isolement diplomatique et des sanctions politiques et économiques.

 



03/01/2020
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