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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le vendredi 22 novembre 2019

 

 

Pornographie en ligne : trois questions sur les mesures souhaitées par Macron pour protéger les jeunes

 

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Lors d'un discours à l'Unesco, mercredi, le président de la République a donné six mois aux "acteurs de l'internet" pour "mettre en place un contrôle parental par défaut". Une mesure pas si simple à mettre en place

 

 

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Emmanuel Macron, mercredi 20 novembre 2019 à la tribune de l'Unesco, à Paris. (ERIC FEFERBERG / AFP)

 

 

 

"J'aime la liberté, mais la liberté n'existe pas si il n'y a pas d'ordre public." Dans un discours prononcé mercredi 20 novembre à la tribune de l'Unesco à Paris, à l'occasion du 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, Emmanuel Macron a effectué un certain nombre de propositions destinées à protéger les mineurs d'un accès qu'il juge trop aisé à la pornographie en ligne.

 

 

 

 

 

 

Afin de "permettre aux parents de reprendre davantage la main sur l'utilisation du numérique par leurs enfants", le chef de l'Etat a ainsi exigé des fournisseurs d'accès à internet qu'ils mettent en place dans les six prochains mois des mécanismes de contrôle parental implantés "par défaut" dans leurs offres. Il a également réclamé que les sites pornographiques instaurent "des dispositifs de vérificateurs d'âge efficaces". Que propose réellement Emmanuel Macron ? Ses demandes sont-elles réalistes ? Franceinfo fait le point.

 

 

 

Comment fonctionne le contrôle parental ?

Actuellement, la plupart des fournisseurs d'accès donnent la possibilité à leurs abonnés de surveiller la manière dont leurs enfants utilisent internet, que ce soit sur un ordinateur, sur un smartphone ou une tablette. Deux types de contrôle sont généralement proposés. Le premier consiste à autoriser ou refuser, appareil par appareil, l'accès à internet ou à certaines applications en fonction de l'heure du jour ou de la nuit.

 

 

Le second requiert souvent l'installation d'un logiciel, à partir duquel les parents configurent plusieurs profils en fonction des différents utilisateurs de l'appareil. Ce type de programme permet par exemple aux parents de définir une liste noire de sites ou d'applications qui seront bloqués lorsque, par exemple, Karim, 13 ans, utilisera l'ordinateur familial. Pour Sarah, 6 ans, il est également possible d'établir une liste blanche de sites autorisés en dehors desquels la navigation sera purement et simplement interdite.

 

 

 

 

 

 

Il est également à noter que les équipementiers et éditeurs de systèmes d'exploitation pour smartphones proposent souvent ce type de solutions : il est ainsi possible de se rendre dans les paramètres des iPhone pour empêcher l'accès au "contenu explicite" ou encore de télécharger l'application Family Link, gérée par Google, pour les téléphones Android.

 

 

A l'heure actuelle, toutes ces options sont désactivées par défaut. Avec cet ultimatum, Emmanuel Macron veut donc obliger les acteurs à généraliser ces solutions à tous leurs clients, qui pourront ensuite les désactiver. "Je sais que ça gêne beaucoup d'opérateurs numériques, a expliqué le chef de l'Etat. Si dans six mois nous n'avons pas de solution, nous passerons une loi pour le contrôle parental automatique."

 

 

 

Cette généralisation est-elle réalisable ?

Pas vraiment. Bloquer par défaut les sites pornographiques peut en effet entraîner des effets indésirables pour des contenus pourtant parfaitement innocents. Au Royaume-Uni, cette solution mise en place en 2013 a perturbé l'accès à des sites qui traitaient d'éducation sexuelle ou de dépendance à la pornographie, rapportait la BBC (en anglais).

 

 

Selon une étude (PDF, en anglais) menée en 2013 par le régulateur des communications britanniques, 18% des enfants de 12 à 15 ans savaient en outre désactiver ces protections. "Les enfants connaissent les codes ou savent comment contourner les restrictions", commente Arthur Messaud, juriste à l'association la Quadrature du Net, auprès de l'AFP. "Il y a aujourd'hui des parents qui laissent leurs enfants seuls sur YouTube et Facebook en pensant que ces plateformes ont des machines qui les protègent. A chaque fois, on constate que les machines sont complètement défaillantes et que les enfants se retrouvent sans aucune protection."

 

 

Le risque c'est que les parents ne soient plus vigilants du tout.Arthur Messaudà l'AFP

 

 

Contactée par franceinfo, la Fédération française des télécoms, qui regroupe entre autres les principaux fournisseurs d'accès à internet, a toutefois fait savoir que les opérateurs étaient "pleinement mobilisés" sur ces questions et "travaillaient sans cesse aux solutions applicables les plus efficaces". Tout en prévenant que "le filtrage généralisé" serait "inefficace puisque les jeunes pourront le contourner".

 

 

 

Comment vérifier l'âge sur les sites pornos ?

Emmanuel Macron veut inscrire dans le Code pénal que "le simple fait de déclarer son âge en ligne ne constitue pas une protection suffisante contre l'accès à la pornographie des mineurs de moins de 15 ans". "Il s'agira de généraliser des dispositifs de vérificateurs d'âge efficaces sur des sites pornographiques" et "le choix des moyens sera laissé à l'appréciation des sites", a-t-il ajouté.

 

 

Cependant, aucune solution n'est aujourd'hui satisfaisante. D'après Arthur Messaud, "le gouvernement envisage d'utiliser France Connect", une solution d'identité numérique qui permet de se connecter aux sites officiels (comme celui des impôts) en utilisant une même identité vérifiée. Or, cet outil "n'a pas du tout été créé pour ça", indique le juriste. "On devine le risque à faire d'un outil étatique le point de passage pour voir des contenus pornographiques, abonde Numerama. Même si des engagements sur l'anonymat sont à prévoir, ce n'est pas un rapprochement qui soulèvera les foules."

 

 

Le Royaume-Uni, qui souhaitait devenir le premier pays au monde à introduire la vérification de l'âge pour accéder au porno en ligne, l'a d'ailleurs constaté. Une loi proposée en 2015 a été abandonnée en octobre car les méthodes utilisées (contrôle de passeport ou de cartes de crédit) représentaient un risque pour la vie privée et étaient contournables en passant par un réseau privé (VPN).

 



22/11/2019
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