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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le mardi 24 mars 2020

 

 

Coronavirus : à quoi joue Donald Trump, alors que les Etats-Unis pourraient devenir le nouvel épicentre de la pandémie ?

 

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Violaine JaussentFrance Télévisions
 

 

 

Les Etats-Unis, où le nombre de personnes infectées par le Covid-19 explose, pourraient bientôt dépasser l'Europe, a prévenu mardi l'Organisation mondial de la santé. Mais les décisions de Donald Trump pour faire face à l'épidémie semblent déroutantes

 

 

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Le président américain, Donald Trump, lors de la conférence de presse quotidienne sur le Covid-19 à la Maison Blanche, à Washington, le 23 mars 2020. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

 

 

 

Il oscille entre appels à l'unité nationale, tweets vengeurs et calculs électoraux. Donald Trump envoie des signaux confus, voire illisibles, à une Amérique confrontée à l'avancée galopante du coronavirus. Selon le dernier rapport quotidien de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), publié lundi 23 mars dans la soirée, les Etats-Unis ont vu le nombre de personnes testées positives au Covid-19 et le nombre de morts doubler en 24 heures. Le pays comptait, mardi 24 mars en début d'après-midi, 600 morts et plus de 50 000 cas officiellement diagnostiqués, selon le comptage tenu par l'université Johns Hopkins, qui fait référence. Des chiffres qui font des Etats-Unis le troisième pays en nombre de cas recensés, derrière la Chine et l'Italie, avec un épicentre à New York, où sont enregistrés la majorité des décès. Malgré tout, le président américain critique les mesures de confinement recommandées par les autorités sanitaires. Mais à quoi joue Donald Trump ?

 

 

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Il souffle le chaud et le froid sur les mesures à prendre

Le président américain a d'abord minimisé et moqué la menace sanitaire pendant plusieurs semaines. En campagne pour la présidentielle prévue à la fin de l'année, il a lancé devant une foule de supporters en Caroline du Sud : "Les démocrates ont politisé le coronavirus. Un de mes conseillers m'a dit : 'M. le président, ils ont essayé de vous avoir avec la Russie, Russie, Russie.' Ça n'a pas trop marché. Ils n'ont pas réussi. Ils ont essayé la supercherie de l'impeachment. Ils ont tout essayé. Ça, c'est leur nouveau canular." C'était le 28 février. Le lendemain, les Etats-Unis enregistraient un premier décès lié au Covid-19. Le 7 mars, lorsqu'un reporter lui a demandé s'il s'inquiétait de la propagation de l'épidémie, Donald Trump a répondu par la négative : "Pas du tout. On a fait du super boulot."

 

 

 

 

 

 

Six jours plus tard, changement de ton. Donald Trump a décrété l'état d'urgence nationale face à l'ampleur de l'épidémie. Il s'est posé en président rassembleur d'un pays "en guerre". Jamais il n'a sous-estimé la menace du virus, assure-t-il. "C'est une pandémie. J'ai compris que c'était une pandémie longtemps avant qu'elle soit qualifiée de pandémie", a-t-il assuré.

 

 

 

David Leavitt @David_Leavitt
 

Numerous times @realDonaldTrump has called the a “hoax” and that would go away in a few days, but now he falsely claims, “I felt it was a long before it was called a pandemic.”?

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Le 11 mars, le président américain a annoncé que les Etats-Unis suspendaient pour trente jours l'entrée des voyageurs en provenance des zones à risque, dont la France. Mais dans le même temps, il n'a pas mobilisé immédiatement les ressources de la Maison Blanche habituellement utilisées en cas d'état d'urgence, selon le New York Times (article en anglais). Il commence tout juste à le faire et a annoncé, par exemple, la construction d'hôpitaux de campagne il y a seulement deux jours.

 

 

Désormais, Donald Trump multiplie les messages ambigus sur les restrictions en place pour limiter la propagation du Covid-19. Alors que le maire de New York, Bill de Blasio, a réclamé l'envoi en urgence de "centaines de respirateurs et de centaines de milliers puis de millions de masques", Donald Trump a assuré, à contre-pied, vouloir arrêter les mesures de distanciation sociale pour préserver l'économie. Résultat : le pays le plus riche de la planète offre un spectacle de désunion.

 

 

 

Il privilégie l'économie du pays (et la sienne)

Aujourd'hui, près d'un Américain sur trois est visé par une mesure de confinement édictée par le gouverneur de son Etat. Les autorités de New York aimeraient encore aller plus loin et réclament un confinement national. Mais Donald Trump rechigne à imposer de telles mesures parce qu'il redoute leurs conséquences sur l'économie. Si la recherche d'un équilibre entre objectifs de santé publique et survie économique du pays est un débat légitime, la façon dont le locataire de la Maison Blanche multiplie les coups de barre sans cohérence apparente laisse ses adversaires – comme certains de ses alliés – sans voix. "Nous ne pouvons laisser le remède être pire que le mal lui-même", a-t-il lancé, dimanche soir, dans un tweet en lettres majuscules.

 

 

 

Donald J. Trump @realDonaldTrump
 

WE CANNOT LET THE CURE BE WORSE THAN THE PROBLEM ITSELF. AT THE END OF THE 15 DAY PERIOD, WE WILL MAKE A DECISION AS TO WHICH WAY WE WANT TO GO!

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Plus tard, il a même déclaré que les Etats-Unis allaient se rouvrir au monde des affaires, "très bientôt", "bien plus tôt que trois ou quatre mois comme quelqu'un le suggérait. Bien plus tôt".

 

 

Pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent, Donad Trump a une solution : un plan de relance massif, "le plus important de l'histoire américaine". Il prévoit de mobiliser 1 800 milliards de dollars, soit 10% du PIB américain, ou "une année complète de croissance française", selon Capital. Dans les grandes lignes, Donald Trump prévoit d'envoyer des chèques de 1 000 à 1 200 dollars pour chaque adulte et 500 dollars pour les enfants. Mais pour l'instant, ce plan est loin d'être adopté. Le gouvernement fédéral et les Etats avancent en ordre dispersé, car démocrates et républicains peinent à trouver un accord.

 

 

Pendant ce temps, Donald Trump a annoncé vouloir relancer l'économie à tout prix. Ainsi, contre l'avis du corps médical, dont celui du docteur Anthony Fauci, expert mondialement reconnu des maladies infectieuses, qui conseille le locataire de la Maison Blanche, le président des Etats-Unis prône la fin de la distanciation sociale dès lundi prochain. Le Washington Post (article en anglais) y voit la défense de ses intérêts privés, et une décision prise après que quatre de ses plus gros hôtels et deux clubs privés ont été fermés.

 

 

Pourtant, son discours commence à trouver une caisse de résonance auprès de plusieurs personnalités conservatrices, qui suggèrent que la mort de milliers de personnes âgées est peut-être un mal nécessaire pour éviter une longue dépression économique. A l'instar de ce lieutenant gouverneur du Texas, Dan Patrick : "Les grands-parents devraient être prêts à mourir pour sauver l'économie pour leurs petits-enfants."

 

 

 

Andrew Lawrence@ndrew_lawrence
 

Tx Lt Gov Dan Patrick says grandparents would be willing to die to save the economy for their grandchildren

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Il n'écoute que lui-même

Pandémie ou pas, Donald Trump poursuit dans son style singulier. Début mars, le locataire de la Maison Blanche n'a pas hésité à affirmer qu'un vaccin serait disponible d'ici "trois à quatre mois". Avant d'être immédiatement repris par le Dr Anthony Fauci : "On n'aura pas un vaccin. On commencera les tests sur un vaccin." "Comme je vous l'ai dit, M. le président, il faudra un an à un an et demi avant de distribuer un vaccin efficace et sûr", a ajouté l'expert.

 

 

Pas plus tard que lundi, Donald Trump a de nouveau vanté les mérites de la chloroquine, alors que l'utilisation de cet antipaludéen comme traitement contre le coronavirus est sujet à caution. "Ce serait un don du ciel si ça marchait. Cela changerait vraiment la donne. Nous verrons", a déclaré le président américain lors de son point presse quotidien. Or, après avoir entendu Donald Trump louer les effets prometteurs de ce médicament, un couple vivant en Arizona a ingéré une cuillère de phosphate de chloroquine. L'homme est mort, sa femme est hospitalisée.

 

 

Face à cette crise sanitaire d'une ampleur sans précédent dans l'histoire politique moderne, Donald Trump a-t-il envisagé de solliciter ses prédécesseurs, comme eux-mêmes l'avaient fait avant lui lors de terribles catastrophes naturelles ? Barack Obama, George W. Bush, Bill Clinton ou Jimmy Carter pourraient-il être de bon conseil ? Le 45e président de l'histoire des Etats-Unis a répondu par la négative : "Je pense que nous faisons un travail extraordinaire (...). Je ne pense pas que j'apprendrais beaucoup de choses." Ce qui fait dire à David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama, qui s'est exprimé auprès de l'AFP : "Difficile de ne pas tirer une conclusion effrayante de ce spectacle : nous avons un énorme défi devant nous et un tout petit président."

 



25/03/2020
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