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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 7 mai 2017

 

 
 
    PRÉSIDENTIELLE - HISTOIRE. L'ÉLYSÉE RÉSISTE À TOUS LES TEMPS

 

 

 

L'ancien hôtel d'Évreux est resté contre vents et marées la résidence du président de la République malgré les révolutions, insurrections, occupations et bombardements. Une longévité exceptionnelle.

 

 

Dimanche prochain, le gagnant de l'élection présidentielle prendra ses quartiers à l'Élysée. Longtemps, ce secteur marécageux de la capitale est resté un faubourg de Paris, celui de Saint-Honoré. Les hasards de l'histoire et en particulier l'élection présidentielle de 1848 en ont fait un symbole de la République, le centre névralgique de la vie politique nationale. Peu de choses, pourtant, prédestinaient l'ancien hôtel d'Évreux, construit au XVIIIe siècle par pure vanité aristocratique par le compte Louis-Henri de la Tour d'Auvergne, à abriter un jour la résidence du chef de l'État.

 

 

 

Un hôtel particulier

 

Lorsqu'elle est attribuée par l'Assemblée au tout premier président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, "l'Élysée-National" est en piteux état. Depuis sa construction, la bâtisse a connu de multiples propriétaires, tous contraints de la vendre, faute d'héritier. Elle devient tantôt cercle de pouvoir, tantôt lieu de plaisirs.

 

 

 

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À la mort de la Pompadour, favorite du roi et occupante des lieux, Louis XV en devient même détenteur, mais ne l'utilise que pour stocker le mobilier national. L'attribution des lieux à celui qui va désormais incarner la Nation à partir de 1848 se fait à la hâte et surtout par élimination : les parlementaires se refusent à l'idée d'installer le nouveau chef de l'État dans l'un des palais royaux. Les Tuileries, le Louvre, Versailles, Vincennes... tous ont été écartés un à un à la faveur de cet hôtel particulier défraîchi dont un bon nombre de vitres cassées doivent être remplacées en catastrophe par des bouts de carton.

 

 

Depuis, l'édifice a été restauré, agrandi, modifié au gré des présidents, des besoins et des envies -  souvent celles des Premières dames. Claude Pompidou ou Bernadette Chirac se sont très impliquées dans son embellissement. Mais le lieu n'a jamais vraiment gagné en fonctionnel. Ce bâtiment construit initialement sur 12 000 m2 de terrain, reste définitivement un hôtel particulier, enchevêtré parmi d'autres hôtels particuliers de la rue la plus mondaine de Paris qu'occupent des voisins aussi célèbres que le baron Benjamin de Rothschild ou le couturier Pierre Cardin.

 

 

Apercevoir l'Élysée relève de l'exploit. Ce n'est ni Buckingham Palace à Londres, ni la Maison Blanche à Washington, fièrement exposés aux visiteurs. Le palais présidentiel n'offre rien à l'oeil du badaud, si ce n'est un porche d'entrée, la grille du Coq, un lourd portail noir côté jardin et d'immense murs d'enceinte toujours plus surveillés depuis les récents attentats. Même l'accès à la rue est désormais interdit à la circulation, sécurité oblige.

 

 

 

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Un lieu chargé d'histoire(s)

 

Le "Château", comme aime à le surnommer l'élite parisienne, a connu des heures de gloire : l'installation de De Gaulle, la signature du Traité de réconciliation entre la France et l'Allemagne. Mais il a aussi vécu des heures noires : entre 1940 et 1947, faute de Président, le palais est fermé. Du moins le croit-on. Les Allemands, Pétain et quelques collaborateurs y manigancent. Pendant 14 jours, en juin 1940, le drapeau à croix gammée flotte même sur le bâtiment avant d'être retiré.

 

 

 

D'autres tragédies s'y sont jouées : l'abdication de Napoléon dans le salon d'Argent, la préparation du coup d'État de Louis-Napoléon, la crise cardiaque de Félix Faure dans les bras d'une "connaissance" qui dut s'enfuir par une porte dérobée, ou encore le suicide de François de Grossouvre, fidèle de François Mitterand.

 

 

Parce qu'il accueille depuis 1938, le "PC Jupiter", abri souterrain construite sous Albert Lebrun à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le palais est aussi un haut lieu militaire que Valéry Giscard D'Estaing a un peu plus sanctuarisé en installant un poste de commandement nucléaire en 1976. Prestigieuse et mystérieuse, cette pièce est probablement la moins fréquentée de toutes. Mais qui s'en plaindrait ? Fabrice Veysseyre-Redon

 

 

 

 

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EN CHIFFRES

 

 

► Valeur 1,17 milliard

 

C'est le prix que vaudrait le palais. Une estimation (de l'historien spécialisé Patrice de Moncan) basée surtout sur ce qui pourrait être construit à la place de l'Élysée et vendu au prix du marché sur les 78 000 m2 qu'occupe aujourd'hui le palais.

 

 

 

► 100 millions d'euros

 

Ce sont les frais de fonctionnement annuels de l'Élysée. 68 millions sont notamment consacrés aux charges de personnel et 14 millions aux frais de déplacement. Cela représente 3,50 euros par foyer français.

 

 

 

► 800 agents

 

Les effectifs n'ont quasiment pas varié ces dernières années (806 agents en équivalent temps plein selon la Cour des comptes). Certains d'entre eux travaillent dans les "annexes" du palais, rue de l'Élysée ou avenue de Marigny. Quai Branly également où une centaine d'agents traitent quotidiennement les 1 500 lettres reçues par le président.

 

 

 

► 365 pièces

 

Le nombre de pièces dont les salons d'apparat au rez-de-chaussée, le salon doré, bureau du président au premier étage, bureaux de ses collaborateurs, salons de réception... Certains présidents résident à l'année à l'Élysée, d'autres conservent leur résidence privée dans Paris. C'était le cas notamment de Pompidou ou Mitterrand.

 



08/05/2017
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