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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 8 juillet 2017

 

 
 
    EUROPE - VACANCES. VILLES-MUSÉES... ET USINES À TOURISTES

 

 

 

Désertification des centres historiques, envolée de prix, sites naturels en péril... Le tourisme de masse ne fait pas que des heureux vacanciers. Les habitants de nombreuses destination à la mode en Europe tirent la sonnette d'alarme.

 

 

Un touriste ça va, des millions, bonjour les dégâts ! Le ras-le-bol des citadins européens gagne du terrain face au tourisme de masse qui tuent la vie de quartier.

 

 

"Les villes se transforment en fastfoods touristiques", déplore Socorro Perez, docteur en géographie humaine à Barcelone. Dans le centre gothique de la capitale catalane (1,6 million d'habitants, plus de 8 millions de visiteurs en 2016), les habitants sont chassés par l'explosion des prix des logements et de l'alimentation, commerces traditionnels et voisins sont en voie de disparition. Les habitants de la Ciutat Vella comme ceux du cente  de Madrid, Lisbonne, Londres, Amsterdam, Berlin mettent en cause les spéculateurs immobiliers et les plates-formes internet de location collaboratives (AirBnB, Homeaway...) ou commerciales (Husetrip, Abritel, Homeholidays...) qui font exploser la fréquentation et les prix. Le développement des compagnies aériennes low-cost, l'engouement pour les city-break et les croisières ainsi que les classements au patrimoine de l'Unesco aussi ont contribué à cette inflation des touristes.

 

 

 

"Les centres, des machines à gagner de l'argent"

 

"Les centres-villes sont conçus comme des machines à gagner de l'argent et les classes populaires sont chassées vers la périphérie", confirme le sociologue espagnol Daniel Sorando.

 

 

En avril, les Madrilènes ont manifesté avec des valises à roulettes. En mars, des riverains et la mairie du 4e arrondissement à Paris (Île Saint-Louis et Notre-Dame) ont organisé un colloque sur la "désertification invisible" des centres : 20 000 logements ont disparu du marché locatif traditionnel en cinq ans à Paris. La capitale française est en revanche la destination numéro un mondial d'Airbnb (65 000 annonces sur un total de 100 000 toutes plates-formes confondues).

 

 

Le "décret Airbnb", voté mardi à l'unanimité par le Conseil de Paris et obligatoire en décembre prochain, va tenter de réguler et de contrôler ces locations échappant à toute réglementation et dénoncées par les hôteliers. À Amsterdam, les propriétaires en tirent un revenu mensuel de 350 euros, a calculé la banque ING. Depuis 2016, les Berlinois, eux, ne sont plus autorisés à louer qu'une seule pièce de leur logement.

 

 

 

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"Je me sens déplacé"

 

Mais c'est Barcelone qui s'est montrée la plus sévère à ce jour. L'an dernier, la municipalité d'Ada Colau - ancienne activiste du droit au logement - a imposé une amende de 600 000 euros  Airbnb et Homeaway : elle accusait de louer des appartements sans la licence touristique exigée par la ville. Pour Manuel Mourelo, 76 ans, c'était déjà trop tard. En novembre après 25 ans passés dans "son" quartier historique, le septuagénaire a dû quitter l'appartement qu'il louait 500 euros par mois. Son bien a été vendu à un investisseur.

 

 

Faute de pouvoir se reloger à un prix abordable - "On me demandait 1 000, 1 500 euros" -, il a dû migrer hors de la ville : "Je me sens déplacé" C.B. (avec AFP)

 

 

 

 

Des quotas de visiteurs dans les sites naturels en péril ?

 

Aurores boréales d'Islande, cocher de soleil mythique à Santorinne seront-ils bientôt plus réservés qu'aux "happy few" les plus fortunés ? Ces destinations du top 10 européen envisagent d'adopter des mesures restrictives afin de limiter l'industrie touristique qui met en péril leur écosystème et leur patrimoine.

 

 

Perdue au large de l'Atlantique nord entre Norvège et Groenland, la très élitiste Islande aussi est devenue l'usine à touristes du Vieux continent. Quelque 2,2 millions de visiteurs sont attends en 2017... conte moins de 500 000 en 2009 ! Le tourisme est un moteur économique puissant (23 % du PIB) mais une menace écologique pour le fragile territoire de feu et de glace. Après avoir interdit le camping sauvage, le gouvernement islandais, sous la pression des écologistes, souhaite réduire le nombre de visiteurs.

 

 

Hausse de la TVA (de 11 à 21 %), droit d'entrée sur les sites naturels les plus prisés... Plusieurs mesures à l'étude doivent enter en application en juillet 2018. Des quotas de touristes, la plus célèbre des Cyclades grecques y pense également. Au plus fort de la saison estivale, Santorin est submergé par des hordes de vacanciers : 70 000, dont 13 000 croisiéristes, prennent chaque jour d'assaut des falaises de lave de la caldeira avant d'engorger les ruelles étroites de la capitale. Au point que le président du port, limité par la topographie qui a fait la renommée mondiale du site, envisage de limiter à 8 000, les débarquements quotidiens sur l'île volcanique.

 



09/07/2017
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