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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 25 juin 2016

 

 

ROYAUME-UNI - UNE MAJORITÉ DE BRITANNIQUES A VOTÉ POUR LA SORTIE DE L'UNION EUROPÉENNE

 

 

BREXIT : 52 %

 

 

Après 60 ans d'adhésions à l'Union Européenne, pour la première fois, un État membre s'en va

 

 

C'est historique. Les Britanniques ont choisi par référendum, à près de 52 %, de quitter l'Union européenne. Une première dans l'histoire communautaire. Le Premier ministre, David Cameron a démissionné, les bourses ont dévissé. Voici ce qu'il faut retenir.

 

 

 

A

u bout du suspense, au bout de la nuit, le "Brexit". La sortie. La deuxième puissance économique, le troisième pays par sa population, va donc quitter l'Union Européenne, qu'elle avait intégrée en 1973. Pour la première fois, après 60 ans d'adhésions qui ont mené la communauté de 6 à 28 pays, un État membre s'en va.

 

 

 

Le Brexit à 52 %

 

Le scrutin de jeudi comme prévu a été serré : 51,9 % de oui sur une participation massive de 73%. Il a divisé les Britanniques. Londres, Manchester et l'Écosse ont voté pour le "remain" mais l'Angleterre profonde a plébiscité le "leave" : quitter l'Union européenne. Le vote témoigne d'une fracture profonde de la société britannique entre classes populaires, massivement favorables à ce Brexit, et les élites, les jeunes diplômés qui ont voté "remain".

 

 

 

L'immigration au coeur du débat

 

Le camp du non l'a emporté parce qu'il a axé sa campagne sur la fermeture des frontières et l'arrêt de l'immigration extra comme intra-européenne. Un thème au coeur du débat dans tous les pays.

 

 

 

Séisme sur les Bourses

 

Les Bourses ont été foudroyées par cet annonce. Les indices de Paris et Francfort ont abandonné 8 %. Wall Street a subi aussi la secousse à l'ouverture. La livre sterling, qui avait gagné 9 % la veille, s'est effondrée par rapport au dollar. L'impact sur l'économie européenne, voire mondiale, reste difficile à mesurer, mais les banques centrales se réunissaient hier soir.

 

 

 

Cameron va démissioner

 

Initiateur de ce référendum, David Cameron a annoncé qu'il quittera ses fonctions fin septembre lors du congrès du parti conservateur. Boris Johnson, l'ancien maire de Londres, ardent défenseur du Brexit, serait candidat à la succession. Il ne sera pas le seul.

 

 

 

Le Royaume désuni

 

L'Écosse, qui a choisi le "remain" à 63 %, a demandé un processus d'indépendance pour maintenir son adhésion à l'Union Européenne. Le parti Sinn Fein en Irlande du Nord souhaite un référendum sur la réunification avec la République d'Irlande.

 

 

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L'Europe à reconstruire

 

Explosion ou opportunité pour revoir les traités européens sur l'économie, la libre circulation, les frontières ? L'électrochoc oblige les dirigeants européens à réagir. François Hollande, estime que "Le vote des Britanniques met gravement l'Europe à l'épreuve et qu'elle ne peut plus faire comme avant". Il rencontrera lundi la chancelière Angela Merkel, le président du conseil italien Matteo Renzi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en prélude à un sommet, mardi 28 et mercredi 29, auquel David Cameron participera.

 

 

 

Deux ans de négociations ?

 

Visas, voyages, taxes, échanges, frontières, santé : les questions très concrètes que se posent les citoyens français qui voyagent en Angleterre, les entreprises qui font des affaires, les 300 000 Français expatriés au Royaume-Uni, les 140 000 Britanniques domiciliés en France (200 000 en Espagne et Portugal) restent pour le moment sans réponse. La négociation de sortie peut durer deux ans voir plus. Le "Brexit" ne s'est pas arrêté hier matin.

 

 

 

L'Angleterre profonde contre l'Angleterre riche

 

L'Angleterre est traditionnellement un pays de classes. Un pays libéral traversé par des lignes très marquées de fracture sociale. Et le Brexit a creusé un peu plus son fossé politique, géographique, générationnel.

 

 

La cartographie du vote dessine les clivages très nets d'un pays divisé. Le vote eurosceptique des partisans du "leave" a été important dans les villes côtières, les zones défavorisées à forte proportion de votants non-diplômés et de laissés pour compte, les zones à majorités blanche, les zones avec une majorité de retraités. Vote de vieux, la sortie de l'UE ? Hier, des jeunes mineurs de 17 ans ont manifesté devant le Parlement britannique pour déplorer de ne pas avoir pu faire entendre leurs voix pro-UE. Le Brexit ? "Pas en notre nom", avaient-ils inscrit sur des pancartes.

 

 

La sortie de l'Europe a triomphé dans la région des Midlands au centre de l'Angleterre (y compris à Birmingham qui a perdu sont statut de deuxième ville), également au nord-est dans le Yorkshire, le plus vaste comté du Royaume-Uni. Le sud et l'est rural de l'Angleterre, qui ont connu un afflux important d'immigrés en provenance d'Europe de l'est ces dernières années, ont aussi largement voté la sortie, de même que les grandes villes dans le nord désindustrialisé de l'Angleterre, ex-bastion travailliste, notamment Sheffield.

 

 

Dans le camp adverse, Londres, ville-monde comospolite de 8,6 millions d'habitants, coeur financier et économique du Royaume-Uni, s'est montré europhile. Sept des dix zones de la capitale britannique se sont opposées à la sortie de l'UE, avec un résultat supérieur à 75 % dans les quartiers de Lambeth, Haringey ou Hacney. Le "Borough" de Hacney, à l'image de l'East End, n'est plus ce quartier déclassé, autrefois pauvre, sale, mal entretenu. Les Jeux Olympiques de 2012 l'on embourgeoisé et y ont attiré une nouvelle population, plus favorisée, plus jeune. Le vote de ces urbains un peu bobos, un peu hipsters, est pro-européen. La gentrification a aussi fait son oeuvre à Liverpool ou Manchester. Deux villes qui ont dit massivement oui à l'Europe, non au Brexit. Un vote dans un environnement péri-urbain de petites villes et de campagnes favorables au "leave" : fracture seulement britannique ? Nathalie Chifflet

 

 

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Collin Hay University of Sheffield et Sciences Po

 

 

"L'Europe a été diabolisée"

 

 

Les principales raisons de cette victoire du Leave ?

 

Depuis très longtemps, les principaux partis politiques ont pris l'habitude, quand ils avaient du mal à justifier quelque chose, de renvoyer la responsabilité au niveau européen. Ils ont diabolisé les institutions européennes. Il leur a donc été très difficile, ensuite, de faire une campagne positive pour le maintien dans l'Union.Ils en ont fait un enjeu rationnel, technique. Et l'argumentaire plus passionnel du Leave, sur la grandeur à retrouver de la Grande-Bretagne, a pu mieux fonctionner.

 

 

 

David Cameron a annoncé sa démission pour cet automne. Qui peut lui succéder ?

 

Boris Johnson... C'est un personnage très controversé : le leader des conservateurs d'Écosse a ainsi déjà déclaré qu'il ne voudrait pas travailler avec lui. Mais il s'est imposé en figure de proue du Brexit, et le plus probable est qu'il devienne le leader du parti conservateur au congrès d'octobre, et donc le Premier ministre.

 

 

 

L'autre vainqueur, c'est Nigel Farage ?

 

La victoire est d'abord celle du Brexit. Mais Nigel Farage a devant lui une opportunité : la plupart des gens qui ont voté pour le Brexit imaginent une séparation rapide et claire de l'Europe. Or, on sait que cela ne pourra pas se passer ainsi. Nigel Farage et le UKIP vont prospérer dans les années à venir sur les difficultés des conservateurs à bien négocier cette séparation.

 

 

Le divorce sera long et difficile

 

Oui, car il y a un consensus pour penser que nombre de négociations doivent avoir lieu avant que l'on actionne l'article 50, et que s'ouvre le délai de deux ans pour en négocier les termes. Et la Grande-Bretagne voudra négocier par exemple un accès maintenu au marché unique, ce qui est contradictoire avec une séparation claire et rapide. Recueilli par Francis Brochet

 

 

 

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 David Cameron

 

 

 

 

POLITIQUE - AVIS DE CRISE. L'EUROPE DANS UN BROUILLARD ANGLAIS

 

 

L'Europe dans un brouillard anglais

 

 

Comment maintenir en vie le projet européen, après le premier départ d'un pays depuis sa naissance il y a soixante ans ? Question pour l'heure sans réponse.

 

 

 

"L'

Europe, pour aller de l'avant, ne peut plus faire comme avant" : dans l'incroyable tempête provoquée par le vote britannique, le président français a reconnu, au diapason des autres leaders européens, qu'on ne peut passer ce Brexit par pertes et profits. Pas question de rejouer 2005, quand le "non" des Français et des Néerlandais avait de fait été ignoré. Mais l'impression dominante, après une journée de folie sur les marchés financiers et les scènes politiques, était que la voie de sortie de crise reste à inventer.

 

 

 

Hollande-Merkel : pas d'accord

 

Le constat est là, dans le vote britannique et tous les scrutins qui se succèdent : il y a "perte de confiance des peuples dans le projet que porte l'Europe", pour citer François Hollande. Mais alors, que faire ?

 

 

C'est là qu'apparaissent très vite les divergences. François Hollande a plaidé hier pour une relance du projet européen, à la fois sur la zone euro, la défense et la sécurité. Pas d'accord, a poliment dit la chancelière allemande, qui a mis en garde contre "des conclusions rapides et simples", qui "diviseraient encore plus l'Europe".

 

 

Exit, donc, une intégration plus poussée de la zone euro. Son ambition est plus modeste : "Que les citoyens sentent combien l'UE participe à l'amélioration de leurs vies personnelles". Même les divergences sur le sort à réserver au partant. La France a préconise une attitude très ferme, avec des délais le plus court possible pour négocier le départ, quand l'Allemagne souhaite ménager la Grande-Bretagne.

 

 

Les réunions vont se multiplier d'ici le sommet européen de mardi, pour tenter de construire des compromis : aujourd'hui les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs, lundi soir le couple Merkel-Hollande avec l'Italien Matteo Renzi et le président du Conseil Donald Tusk, et tout cela sur fond d'échanges téléphoniques incessants.

 

 

Car il faut aller vite, sous une double pression. La première est financière : le choc a été brutal sur les marchés, il le sera encore plus lundi matin s'ils ont l'impression d'être toujours dans le brouillard anglais. Il faut "garantir par tous les moyens la stabilité et la sécurité des épargnants", a insisté Matteo Renzi, comme si l'Italie craignait déjà la répétition du mécanisme infernal qui a failli conduire au Grexit.

 

 

La seconde pression est politique. Marine Le Pen en France, Geert Wilders aux Pays Bas, ont aussitôt réclamé un référendum dans leurs pays. "La réaction en chaîne des eurosceptiques n'aura pas lieu", assure Martin Schulz, président d'un Parlement européen convoqué mardi en séance extraordinaire. Mais la bombe à retardement de David Cameron a éclaté. Et la crise est là, pour l'heure sans voie de sortie. Francis Brochet.

 

 

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26/06/2016
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