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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 15 avril 2017

 

 
 
    RÉFÉRENDUM - VOTRE SUR LE RENFORCEMENT DES POUVOIRS D'ERDOGAN

 

 

 

LA TURQUIE VERS UNE HYPER-PRÉSIDENCE ?

 

 

 

Demain, les électeurs se prononcent pour ou contre l'extension des pouvoirs du président Erdogan. Le résultat du référendum pourrait avoir des conséquences.

 

 

Recep Tayyip Erdogan verra-t-il son pouvoir renforcé ? 55,3 millions d'électeurs se prononcent demain par référendum - certains Turcs de l'étranger ont déjà voté au début du mois - sur la réforme constitutionnelle voulue par le président turc et leader du Parti de la justice et du développement (AKP).

 

 

 

■ Sur quoi porte le référendum ?

 

Les électeurs doivent répondre "oui" ou "non" à la "proposition de référendum sur la réforme constitutionnelle" (aucune question n'est formulée). Cette réforme a été adoptée le 21 janvier dernier par le Parlement turv, avec 339 voix sur 550.

 

 

 

■ En quoi consiste la réforme ?

 

Le texte prévoit de renforcer le pouvoir exécutif du président, en supprimant le poste de Premier ministre et en gommant les pouvoirs du Parlement. Le président pourra nommer les ministres et un ou plusieurs vice-présidents. Il choisira six des treize membres du Haut conseil des juges et procureurs. Les élections législatives et présidentielles seront simultanées. Erdogan pourrait ainsi être élu président en novembre 2019, pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois et rester au pouvoir... jusqu'en 2029.

 

 

 

■ Pourquoi pose-t-elle problème ?

 

Le gouvernement explique que cette réforme est indispensable pour doter l'État d'un exécutif stable afin de  lutter contre le terrorisme et les éventuelles difficultés économiques. Ses détracteurs y voient plutôt une volonté d'Erdogan d'étendre ses pouvoirs, alors que le président est déjà accusé de dérive autoritaire depuis le coup d'État avorté du 15 juillet 2016.

 

 

 

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■ Le "oui" a-t-il des chances de l'emporter ?

 

Deux sondages publiés mercredi en Turquie donnaient le "oui" gagnant, entre 51 et 52 % des intentions de vote. Mais le résultat devrait être serré. L'économie, pilier de la popularité du président, s'essouffle. Les Turcs sont attachés au régime parlementaire. Le projet divise jusqu'au sein de l'AKP, dont certains électeurs pourraient hésiter à voter oui, par crainte d'accorder trop de pouvoir à une seule personne.

 

 

 

■ Et si le "non" gagne ?

 

Une victoire du "non" serait extrêmement humiliante pour Erdogan, et fragiliserait sa position tant en Turquie qu'à l'international. Le président turc pourrait alors réagir violemment, en multipliant les mesures liberticides.

 

 

 

■ Quel est le contexte ?

 

Erdogan demande un renforcement de ses pouvoirs alors que la Turquie, après avoir soutenu Bachar al-Assad, est désormais engagée dans le conflit syrien. Ankara est également en lutte contre le terrorisme, face à Daech et au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

 

 

 

■ Comment l'Europe est-elle concernée ?

 

Erdogan compte sur les voix de la diaspora turque en Europe, qui lui est favorable et dont la participation élevée pourrait jouer en sa faveur. Pendant la campagne, il a flatté la fibre nationaliste de cet électorat, multipliant les attaques contre les pays européens. Une victoire du "oui" pourrait entraîner une rupture définitive avec l'Europe... ou adoucir le ton d'Erdogan. À l'inverse, si le "non" l'emporte, le président turc essayera-t-il de réparer cette relation ? Pas si sûr. L.B.

 

 

 

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les Kurdes mobilisés contre le référendum

 
 
 
    DES TENSIONS EXACERBÉES AVEC L'EUROPE

 

 

 

La relation déjà tendue entre Ankara et l'Europe s'est encore détériorée lors de la campagne en faveur du référendum, après l'annulation en Allemagne et aux Pays-Bas de plusieurs meetings de ministres turcs venus défendre le "oui". Erdogan a accusé les deux pays de "nazisme", jouant sur la fibre anti-occidentale pour galvaniser ses électeurs, aussi bien en Turquie qu'à l'étranger.

 

 

Les Turcs se sentent déjà trahis par des négociations d'entrée dans l'Union européenne (UE) au point mort depuis 2005, et une réaction européenne mitigée après le coup d'État de juillet 2016. La possible victoire du "oui" inquiète - le ministre allemand des Finances a évoqué mardi le risque d'une "dictature" - car elle mènerait à un système presque sans contre-pouvoir, incompatible avec les critères politiques européens. Erdogan dispose d'un levier de poids face à l'UE : le pacte migratoire conclu en mars 2016, qui a permis de réduire les arrivées de migrants et de réfugiés, et que le président turc menace régulièrement d'annuler. Si le rapprochement d'Ankara avec Poutine et l'achat d'armes à la Chine ont irrité l'Otan, la Turquie reste un partenaire militaire incontournable. Enfin, en flattant l'identité nationale des Turcs de l'étranger, les propos d'Erdogan profitent aux populistes européens.

 

 

 

 

LES DATES CLÉS

 

 

3 novembre 2002 - Le parti AKP, cofondé par Recep Tayyip Erdogan, remporte les législatives

 

 

11 mars 2003 - Erdogan est nommé Premier ministre

 

 

Octobre 2005 - La Turquie obtient l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union Européenne

 

 

31 mai 2013 - Pendant trois semaines, 2,5 millions de personnes manifestent pour exiger la démission d'Erdogan, accusé de dérive autoritaire

 

 

10 août 2014 - Erdogan est élu président au premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct

 

 

7 juin 2015 - L'AKP arrive premier aux législatives, mais est privé de sa majorité absolue au Parlement, notamment à cause du bon score du parti prokurde HDP

 

 

1er novembre 2015 - L'AKP remporte les élections anticipées

 

 

15-16 juillet 2016 - Une tentative de coup d'État mené par une faction de l'armée fait 248 morts. Plus de 47000 personnes ont été arrêtées et plus de 100 000 limogée ou suspendues depuis

 

 

9 août 2016 - Erdogan et Vladimir Poutine scellent la réconciliation après une crise due à la destruction d'un avion russe par la Turquie à la frontière turco-syrienne fin 2015

 

 

Mars 2017 : L'Allemagne et les Pays-Bas annulent des meetings sur leur territoire en faveur du "oui" au référendum

 



18/04/2017
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