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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 8 mai 2017

 

 
 
    PRÉSIDENTIELLE - 2ème TOUR. LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
     EST LE PLUS JEUNE DE L'HISTOIRE

 

 

 

 

EMMANUEL MACRON, UN CHOIX HISTORIQUE ET AUDACIEUX

 

 

Large vainqueur du second tour face à Marine Le Pen avec 65,9 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron a bouleversé les codes, le paysage et les lignes de la politique française. Mais il lui reste à trouver une majorité.

 

 

 

Pas encore 40 ans, deux ans ministre, zéro mandat d'élu local, pas de grand parti derrière lui... Et pourtant, l'élection de ce jeune homme qui s'avance, souple, solennel et radieux, au son de l'Hymne à la joie devant la pyramide du Louvre, clôture par un fait historique cette présidentielle extraordinaire. "Une nouvelle page s'ouvre, celle de la confiance et de l'espoir", lance Emmanuel Macron, le plus jeune, le plus météorique, le plus improbable des huit présidents de la Ve République élu hier avec deux tiers des suffrages. L'image de cette fête tricolore et européenne à la fois, entre candeur et ferveur, fraternelle et bon enfant ouvre donc une nouvelle ère.

 

 

 

■ Un homme neuf qui a brisé les clivages

 

Emmanuel Macron a gagné parce qu'il a saisi la lassitude des Français à l'égard de cette classe politique incapable de renouveler les têtes et les pratiques. Il a senti avant tous les autres que la déliquescence et les fractures des deux grands partis, que les personnalités zigzagante de François Hollande et clivante de Manuel Vals permettaient une révolution politique. Le concours des circonstances, comme toujours, et la chance, comme souvent, ont accéléré sa marche vers l'Élysée entamée voilà à peine plus d'un an.

 

 

Les ennuis judiciaires de François Fillon, le renoncement d'Alain Juppé, les machines à perdre infernales des primaires de droite et de gauche (avec le choix du frondeur Benoît Hamon sur une ligne très à gauche) lui ont dégagé l'espace central. Emmanuel Macron a été (largement) élu grâce à l'électorat modéré, comme pratiquement tous les présidents.

 

 

 

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Mais lui a assumé la transgression droite + gauche, a gardé son cap idéologique y compris sur l'Europe. Il est est arrivé à la fête du Louvre au son de l'hymne à la Joie, celui de l'Europe. Il a rassemblé une équipe mixte, mélange astucieux de renouvellement d'expérience, de politiques chevronnés, d'experts reconnus et de pros du numérique. À ses 24 % du premier tour, il a ajouté selon les estimations, le report de 85 % des suffrages de Benoît Hamon, 60% de ceux de François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.

 

 

En prenant ce pari du neuf et de l'innovant, les Français ont parachevé leur envie d'oxygéner la vie politique et de rompre avec le vieux monde d'où venaient ses deux prédécesseurs. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont doublement échoué devant l'opinion : sur le fond pour avoir promis une rupture qu'ils n'ont pu ni su expliquer et accomplir, et sur la forme pour avoir abîmé la fonction dans des réflexions ou confessions hors de propos et la chronique people-vaudeville.

 

 

En choisissant la ligne sociale-démocrate-libérale d'En Marche, les électeurs ont aussi validé une promesse de réformes. Ils ont témoigné de leur refus d'inscrire l'avenir du pays dans la sauvegarde illusoire de l'intégralité d'un vieux modèle ou le repli national.

 

 

 

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■ Le FN en échec, mais au plus haut historique

 

L'ambition du Front national s'est une fois de plus fracassée hier sur le toit d'acier du second tour. Le parti d'extrême droite demeure un réceptacle de colères, d'indignations et de nostalgies. Mais il rappelle un passé trop sombre et propose un avenir trop hasardeux pour susciter une adhésion majoritaire.

 

 

En l'absence de front républicain et de consigne de vote de la part de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen avait de bonnes raisons de croire à un score commençant par le chiffre 4. Mais lors du duel télévisé mercredi, par son agressivité, ses approximations et son incapacité à dérouler un programme crédible, la candidate FN a rappelé d'où elle venait. Elle a lézardé la longue entreprise de dédiabolisation de son parti. Elle annonce "une transformation profonde du FN". La base est solide : avec onze millions de suffrages hier (3,2 millions de plus), elle double le score de son père en 2002 (il gagna un maigre point et 450 000 bulletins entre les deux tours).

 

 

 

■ Majorité à inventer

 

Ce matin, le FN est bien la première force d'une opposition morcelée, mais qui, additionnée, pèse lourd. La baisse de participation, inhabituelle entre deux tours, et les 4,2 millions (9 %) de bulletins blancs, un record, en attestent aussi. Dans un pays fracturé et en plein doute, la jeunesse, la nouveauté et son programme n'apportent à Emmanuel Macron aucun état de grâce, aucune garantie de majorité parlementaire aux législatives des 11 et 18 juin.

 

 

Depuis l'avènement du quinquennat, l'élection des députés (2002, 2007, 2012) s'est résumée à une confirmation de la présidentielle pour la parti vainqueur, fort de ses députés sortants et de candidats aguerris par la conquête de mandats locaux.

 

 

En Marche ! rebaptisé majorité présidentielle n'apporte pas cette sécurité au nouveau Président et au "leader politique d'expérience" qu'il nommera Premier ministre. Le FN pèse lourd. Les Insoumis n'ont pas renoncé à descendre dans la rue sur le code du travail. La droite mise sur l'implantation de ses barons en région pour arracher une cohabitation à l'ancienne, le PS sur le travail en circonscription de ses sortants pour devenir force d'appoint incontournable.

 

 

Dans les 24 % obtenus au premier tour par Emmanuel Macron, la part du vote d'adhésion reste difficile à distinguer des suffrages stratégiques d'électeurs qui ont vu en lui le meilleur rempart contre un second tour Le Pen-Fillon, voire Le Pen-Mélenchon. Il a décomposé le paysage politique, mais pas encore composé une majorité. Pour le jeune président, après la fête du Louvre hier soir empreinte de gravité et la solennité du protocole qui vont rythmer la semaine, le troisième tour comme ce matin. À l'image de cette campagne, il s'annonce iconoclaste et incertain. Donc passionnant. Pascal Jalabert

 

 

 

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11/05/2017
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