www.l-air-du-temps-de-chantal.com

L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 3 juillet 2014

 

 

MUSIQUE - CULTURE. LE TUBE DE L'ÉTÉ EST MORT, VIVE YOUTUBE

 

 

De nombreux titres, en anglais, vont égayer la période estivale. Mais "le tube de l'été", tel qu'on l'a connu entre les années 60 et 90, n'existe plus. C'est désormais le réseau de vidéos qui donne le tempo.

 

 

Connaissez-vous Fifth Harmony, Chainsmokers, ou Navii ? À la manière d'autres artistes plus connus comme Justin Timberlake, Ariana Grande, Drake ou Calvin Harris, ils sont en lice pour décrocher le titre "officieux" de tube de l'été. À moins qu'un gamin de 19 ans, Valentin Brunel alias Kungs, spécialiste des remix et protégé de David Guetta, ne leur grille la politesse avec This Girl. Ou, qu'aux antipodes, ce soit une mamie caribéenne de 76 ans, la divine Calypso Rose, remise sous les projecteurs par le sorcier Manu Chao.

 

 

 

Question de génération

 

 

Leurs clips sur le bien-nommé YouTube, devenu en quelques années LE baromètre du succès musical, récoltent des dizaines voire des centaines de millions de vues.

 

 

Il y a l'embarras du choix parmi ces titres, essentiellement en langue anglaise, pour rythmer son été. Pour autant, aucun ne devrait imprimer la mémoire collective autant que certains hits estivaux des années 60 jusqu'aux années 90. Question de génération, mais surtout de mode de consommation de la musique. "Aujourd'hui, avec plus de mille radios en France, le totalitarisme de la musique électro dans les discothèques, l'abandon par les grandes chaînes de télévision de la recherche frénétique d'un tube dansant associé à une boisson sans alcool, il est quasiment impossible de fédérer, chaque été, toutes les énergies autour d'un seule chanson", souligne André Torrent, en préface du livre Grande histoire et petits secrets des tubes de l'été (éd. du Moment).

 

 

Dans le même ouvrage, Jean-Marie Pottiez et Alain Pozzuoli expliquent que "plus on avance vers les années 2000, plus les tubes se raréfient". La "segmentation" de la musique joue. Même son de cloche chez Jean-Pierre Pasqualini (Télé Mélody et Platine Magazine) : "Un tube est ce qu'on écoute le matin à la radio et sur lequel on danse le soir au camping de la plage. Il n'y en a plus, peut être parce que les singles actuels entraînent du streaming et pas de téléchargements ou de ventes physiques comme les albums". Le titre ne circule plus dans la famille, entre copains, entre générations même.

 

   $_35.JPG        114179318.jpg

 

Du slow à Papaoutai

 

Qu'il est loin Et j'entends siffler le train, de Richard Antony (1961), premier titre à inaugurer cette tradition radiophonique, puis télévisuelle et désormais sur le web et les réseaux sociaux. Qu'il est loin cet été des slows, de 1965, qui voit déferler sur les ondes Capri, c'est fini (Hervé Vilard), Aline (Christophe) ou Le ciel, le soleil et la mer (François Deguelt). Le slow, "symbole des amours d'été qui se prolongent rarement à la rentrée", laissera progressivement sa place (au soleil) à des rythmes plus épicés, comme la Lambada, la Soca danse, ou la Macarena, cartons (pâtes ?) des années 80. Le nom de leurs interprètes s'est évaporé aussi vite qu'une menthe à l'eau en plein cagnard.

 

 

 

"Interprètes solaires"

 

Les auteurs du livre retiennent depuis 2010 quelques "tubes" intemporels qui répondent au triptyque "mélodie facile à retenir - gimmick musical accrocheur -  paroles simples" : Gangnam style (Psy), Get Lucky (Daft Punk) ou Papaoutai (Stromae). L'été 2016 sera-t-il, lui, meurtrier pour les tubes ? Jean-Pierre Pasqualini se risque néanmoins avec Amir (J'ai cherché) et Justin Timberlake (Can't stop the feeling). Pari osé ? "Ces titres, dit-il, ont l'énergie positive des tubes d'été et leurs interprètes sont solaires". Les plages musicales tremblent déjà. Xavier Frère

 



05/07/2016
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 59 autres membres