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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 17 janvier 2016

 

 

 

ASIE DE L'EST - Election présidentielle. Victoire des indépendantistes à Taïwan. Candidate du Parti démocratique et progressiste (PDP), Tsai Ying-wen a ressemblé environ 60 % des voix. Toute la journée du samedi 12 millions d'électeurs taïwanais (65% des inscrits), dans une ambiance joyeuse mais grave, ont déposé leurs voix dans des écoles converties en bureaux de vote.

 

 

 

Deux heures après la clôture du scrutin, une victoire écrasante de l'opposition se dessinait : Tsai Ying-wen, la candidate à la présidence de la république pour le parti démocratique et progressiste (PDP) indépendantiste, emportait environ 56 % des suffrages. Eric Chu, l'homme du Kuomintang (KTM) au pouvoir, sortait humilié avec 31% - et démissionnait séance tenante de la présidence de son parti nationaliste.

 

 

 

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Relations avec la Chine menacées

 

Pour le KMT qui, depuis 8 ans, mise à fond sur l'intégration avec la Chine, c'est la pire défaite de son histoire - et ce résultat promet de changer radicalement les relations avec la Chine.

 

 

 

Depuis toujours, Pékin réclame le retour de cette île de 23 millions d'âmes qu'elle considère comme une province rebelle. Par ses ses pressions tous azimuts, elle est parvenue à barrer pour Taïwan la route de l'indépendance - sous peine d'invasion militaire.

 

 

 

Depuis 2008, sous la direction du président Ma Ying-jeou, le KTM avait entamé un programme ambitieux de rapprochement avec le géant voisin, et notamment de rétablissement des liens rompus depuis 1949 après la victoire de Mao dans la guerre civile et l'exode de Tchang Kaï-chek sur Taïwan. En concertation avec Pékin, étaient rétablies les liaisons postales, maritimes et 790 liaisons aériennes par semaine.

 

 

 

Redémarraient aussi de nombreux échanges entre corps de métiers des deux rivages : 35 000 étudiants chinois rejoignaient les universités de l'île ; 300 000 hommes d'affaires insulaires franchissaient le détroit, apportant avec eux plus de 100 milliards d'euros d'investissement 3 à 4 millions de touristes chinois venaient chaque année dépenser leur argent en hôtels, transport et achats de souvenirs.

 

 

 

Mais tout dérapait en 2013, quand Ma tentait d'imposer un nouveau paquet de 23 accords avec la Chine, allant de la banque à l'assurance, aux coupes de droits de douane. Là, la population s'était rebellée, par la voix de ses étudiants qui occupaient le "yuan législatif" (le Parlement), lors du mouvement "des tournesols". Après quelques semaines d'affrontement, le KMT reculait, gelait les propositions. Mais le mal était fait, et la confiance rompue : il n'était plus soutenu que par 19 % de la population.

 

 

 

Nouvelle ère

 

L'opposition qui vient d'être plébiscitée est surtout le Parti des insulaires, des ethnies Min'an et Hakka par opposition au "Han" originaires du continent. Tsai Ying-wen, la future présidente, présente de la double particularité d'être la première femme élue au poste suprême en ce pays, et de n'appartenir à aucune famille influente et puissante - elle est montée par son seul mérite. Le PDP, son parti, n'a pas de programme particulier, sinon celui de "maintenir la dignité du pays" et de "réparer les erreurs du passé".

 

 

 

 

Dans son discours de victoire, Tsai faisait preuve de fermeté envers la Chine, présentant son île comme un "pays" (ce que Pékin rejette fondamentalement) et exigeant "respect et réciprocité". Elle maniait cependant aussi le compromis, promettant de respecter le "statu quo" : de ne pas revendiquer d'indépendance pour l'instant. C'est donc l'ambiguïté qu'elle manie : seule attitude possible pour concilier les inconciliables, et gagner du temps sans faire sortir de ses gonds le président Xi Jinping.

 

 

 

Hier soir, sur les places, la majorité du PDP jubilait et goûtait l'ivresse de la victoire. Mais celle-ci va très vite laisser place à de lourdes questions.Institutionnelle tout d'abord, car il y a vide politique : le mandat de Ma, incapable désormais de gouverner, va encore durer trois interminables mois, jusqu'au 20 mai. A Taïwan, Eric Meyer

 

 

 

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17/01/2016
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