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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 13 août 2017

 

 
 
    CORÉE DU NORD - PÉKIN, LA DIPLOMATIE DU FUNAMBULE

 

 

 

Les tensions dans la péninsule coréenne embarrassent la Chine. Partenaire des États-Unis comme de la Corée du Nord, le géant asiatique tente de calmer le jeu. Mais sa marge de manoeuvre est étroite.

 

 

Xi Jinping est un homme que l'on dit autoritaire, mais dont l'expression est pondérée. Tels sont les mandarins du Parti communiste chinois. Dans le concert d'anathèmes et d'imprécations qu'échangent Donald Trump, le président américain, et son homologue nord-coréen, Kim Jong-un, sa voix se veut celle de l'apaisement.

 

 

Ainsi, hier, le président chinois a-t-il, lors d'un entretien téléphonique, demandé à Donald Trump d'éviter "les mots et les actes" qui pourraient exacerber la tension dans la péninsule coréenne. Et d'ajouter : "Il faut persister dans la direction générale du dialogue, des négociations et d'un règlement politique".

 

 

 

"Double moratoire"

 

Cet appel au calme arrive alors que Pyongyang menace d'envoyer dans les prochains jours quatre missiles à 30 km de l'île américaine de Guam. Face à eux, les États-Unis préparent un exercice militaire conjoint avec Séoul autour du 21 août et menacent de représailles. La possibilité d'un embrasement n'a jamais semblé aussi proche. En pareil cas, Pékin a renvoyé les protagonistes dos à dos. La Chine resterait "neutre" si la première offensive venait de Pyongyang, mais "interviendrait" si les Américains tentaient de renverser le régime nord-coréen.

 

 

Pour éviter d'en arriver là, Pékin propose un "double moratoire". D'un côté, l'arrêt des essais nucléaires et des tirs de missiles ; de l'autre, la fin des manoeuvres militaires conjointes de Séoul et de Washington. Cette proposition, qui se veut équilibrée, répétée depuis des mois, n'a pour l'heure pas été entendue.

 

 

En avril dernier, le Global Times, le quotidien officiel chinois, le déplorait : "Pékin se trouve dans une situation très délicate. Nous sermonnons Pyongyang, qui n'écoute pas. Nous préconisons un double moratoire, ni Washington ni Séoul ne s'inclinent".

 

 

 

Critiques croisées

 

"Situation délicate" d'une Chine funambule qui ménage les deux camps. Bien qu'encombrant, Pyongyang est un "petit frère" communiste et un allié stratégique en Asie du Nord-est. Un contre-poids à la Corée du Sud et au Japon, deux alliés fidèles des États-Unis. Quant aux États-Unis, ils sont un partenaire économique essentiel, un alter ego incontournable sur la scène internationales.

 

 

Mais cette diplomatie de l'équilibre montre parfois ses limites. Souvent, elle agace. En mai, Kim Jong-un rappelait à la Chine, dont il jugeait le soutien trop timoré, que son pays avait "contribué à protéger la paix et la sécurité de la Chine" en faisant le tampon avec Washington.

 

 

Même sentiment en face. Le 30 juillet dernier, Donald Trump tweetait : "Je suis très déçu par la Chine. Nos stupides anciens dirigeants l'ont laissée engranger de milliards de dollars par an, pourtant ils ne font RIEN pour nous avec la Corée du Nord, hormis parler". Des outrances verbales auxquelles Pékin n'a pas répondu. Ryad Benaidji

 

 

 

 

"Si nécessaire", Trump est aussi prêt à attaquer le Venezuela

 

En pleine crise coréenne, Donald Trump n'a pas hésité à ouvrir un nouveau front. Vendredi soir, lors d'un échange avec des journalistes dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il est en vacances, il a lancé : "Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire". Appelé à donner des précisions sur cette foudroyante déclaration, il s'est montré plutôt évasif : "Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n'est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent"

 

 

Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino, a qualifié cette déclaration d'"acte de folie". Par ailleurs, le chef de l'État vénézuélien, Nicolas Maduro souhaite "une conversation" avec son homologue américain. Dans son pays, Nicolas Maduro affronte des manifestations, sévèrement réprimées. Plus de 125 personnes sont mortes depuis début avril, tandis que l'élection de la nouvelle assemblée constituante a été très contestée par l'opposition.

 



16/08/2017
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